collège Philippe de Vigneulles (Metz)

camps de transit : traces et témoignages d'enfants.

On trouvait en France des camps de transit ou on parquait juifs et opposants politiques avant d'être transférés dans un camps de concentration. le plus grand de ces camps est Drancy en région parisienne . Mais d'autres ont laissé de tristes souvenirs : Pithiviers, Rivesaltes, les Miles.....


Les familles ne sont pas séparées. La vie au camps est difficile (mauvaise hygiène, sous alimentation, maladie.....) mais ne laisse en rien augurer l'horreur des camps de concentration. Un semblant de vie s'organise ..... Ces camps sont surveillés par la police française.


De 1941 à 1943, plus de 18.000 juifs, dont près de 4.000 enfants, furent internés dans les deux camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande.

camps de Beaume la Rolande

Dans un premier temps, et selon les camps, les enfants ne seront pas déportés avec leurs parents. Ils resteront donc seuls au camps. Puis devant le nombre de plus en plus grand d'orphelins et , à la demande des autorités françaises ne sachant que faire d'eux, ils seront déportés et pour la plupart gazés dès leur arrivée......
Cher tout le monde,
J'espère que vous allez tous bien.
Moi, ça va, avec un vaccin anti-staphilococcique, je crois que cela irait mieux. J'ai reçu la lettre de Papa et Lulu datée du 7. Je ne prendrai pas le temps d'y répondre de même à la lettre de Tante Julia que j'ai reçue hier. Tous ces courriers m'ont fait plaisir.
Je crois que c'est le dernier et pour cause. Cessez votre correspondance. Je vous ai écrit précédemment que je n'étais pas parti à cause de mes 15 ans et demi, avec les autres 900 hébergés, mais à présent, tout le monde, femmes, hommes, vieillards parfois, quelques malades et enfants (fillettes de 13 ans), sont embarqués...Et moi avec, je ne sais pas où. J'irai dans l'est en tout cas, ça fera mes grandes vacances. Je vais voir du pays.
Ne vous en faites pas pour ma peau. Cela ne sert à rien car la situation actuelle n'est que passagère : ce sera une aventure en plus. Mon moral est bon. Le voyage sera ennuyeux, car vous pensez comment cela va : ce n'est pas 40 hommes et 8 chevaux mais 60 hommes : c'est très drôle. Des bestiaux bipèdes.
Sur ce, je vous souhaite une bonne santé, un bon train de vie, et je vous envoie tous les baisers que je ne pourrai envoyer dans des lettres ultérieures car je ne sais pas encore si j'aurai le moyen d'écrire. Je ferai mon possible naturellement. Sur ce, au revoir tout le monde, à la prochaine. J'envoie cette lettre à tout hasard. Si il y a contre ordre, je vous écrirai immédiatement mais sur cela il ne faudra pas beaucoup compter.
Gérald Souweine, déporté depuis Pithiviers


Voici un autre témoignage , celui de Marie Jelen, 10 ans.

Marie Jelen est une petite fille de 10 ans, qui vit à Paris, dans le XIX arrondissement où le père exerçait la profession de tailleur, dans une boutique. Le magasin fut fermé en raison du Statut des Juifs et des mesures d'aryanisation.
Mais, le 16 Juillet 1942, lors de la rafale du Vel’d’hiv (la rafle du Vélodrome d'Hiver (16-17 juillet 1942), est la plus grande arrestation massive de Juifs réalisée en France pendant la Seconde Guerre mondiale), elle est arrêtée avec sa mère (la famille est d’origine polonaise et juive) :



1ère lettre :

Cher papa,
On nous emmène au Vélodrome d'hiver mais faut pas nous écrire maintenant parce que c'est pas sûr qu'on restera là.
Je t'embrasse bien fort et maman aussi, ta petite fille qui pense toujours à toi,

Marie
Mr Jelen Fresnoy, Ardennes

Puis sa mère et elle sont transférées a camps de pithiviers. Là, les conditions de vie sont difficiles pour les enfants, souvent séparés de leurs parents. Les maladies infantiles se transmettent à grande vitesse. Après la scarlatine, Marie attrapera la varicelle.
Le 31 juillet 1942, Marie est séparée de sa mère Estéra, déportée vers Auschwitz avec 358 autres femmes et 690 hommes. Ce convoi parviendra à Auschwitz le 2 août 1942. La maman de Marie fut immatriculée (entre les matricules 14156 et 14514) et mourut assez rapidement.



2ème lettre :

Mon cher papa

Je suis malade, j'ai la scarlatine, ce n'est pas très grave mais ça dure très longtemps. Il faut rester 40 jours au lit, les premiers jours on n'a pas le droit de manger, alors on boit du lait. Je suis en très bonne santé. il y a 18 jours que je suis malade. On mange bien, de la purée de pommes de terre, du riz, du vermicelle.
Je t'embrasse bien fort,

ta petite fille qui t'aime, Marie



Voici la dernière lettre de marie :


Mon cher papa
Il y a très longtemps que je n'ai t'aie pas écris parce que j'attendais la permission d'écrire des lettres. tu va pouvoir m'envoyer une réponse dans l'autre enveloppe. je voudrais si tu peux que tu m'envoie ma photos celle de maman et la tienne. il y a très longtemps que je ne t'ai pas vu. j'espère que je te reverrais bientôt. essaie de me faire sortir ainsi je serais avec toi, ici je perds toutes mes forces. J'ai beaucoup maigris, je suis encore malade, j'ai attrapé une autre maladie, la varicelle, il y a des gens qui disent qu'on va libérér les enfants qui ont moins de 16 ans. j'espère que j'aurai la réponse le plus tôt possible. Sois en bonne santé, surtout ne tombe pas malade comme moi je fais. ne t'ennuie pas comme moi car je pleure souvent en pensant à toi.
Ta petite fille qui t'aime et qui t'embrasse bien fort
Marie

Trois jours après avoir écrit cette lettre, Marie Jelen a été déportée par le convoi n°35 qui est parti de Pithiviers (France) le 21 septembre 1942. Avec elle, 1015 autres personnes, entassées dans des wagons à bestiaux. Il y avait 163 enfants parmi eux car aucun enfant de moins de 16 ans n'a été libéré. Le convoi est arrivé à Auschwitz le 23 septembre 1942.

210 hommes et 144 femmes ont été sélectionnés pour le travail à l'arrivée au camp. Parmi eux, 23 seulement étaient encore en vie en 1945. Mais tous les enfants et la plupart des adultes ont été immédiatement conduits vers les chambres à gaz.


La petite Marie Jelen, qui se préparait à fêter son 11ème anniversaire (Elle était née le 20 octobre 1931) est morte gazée à Auschwitz, le 23 septembre 1942.