Plan du camp:
1. Cellules
2. Kommandantur
3. Camp des femmes
4. Camp des hommes
5. Camp de jeunesse Uckermark
6. Installations SS (ateliers)
7. Installations SS (ateliers)
8. Entreprise Siemens (baraques de travail)
9. Entreprise Siemens (camp de prisonniers)
10. DAW (travaux d'équipement allemands)
11. Entrepôt de butin SS.
12. Logements SS .
13. Chambre à gaz .
14. Crématoire.
Le camp de concentration d'Uckermark (numérotée 5 sur le plan), est construit au printemps 1942, sur ordre de la Police Criminelle du Reich, à 1,5km du camp de concentration de Ravensbrück, par les prisonniers hommes de ce camp. C’est un « Jugendschutzlager Uckermark » ou « camp pour la protection des jeunes ». Ainsi, 6 baraques, chacune entourée d’une clôture de fils de fer barbelés sont construites dans une zone de bois marécageux. (Les SS en avaient prévu 12).
Ce camp est destiné, d’après un décret de 1937, aux jeunes filles allemandes classées comme « asociales » et « cas désespérés » par le régime : c’est-à-dire chaque jeune fille qui ne correspondait pas à la norme de la « communauté populaire nationale socialiste » (« nationalsozialistische Volkgemeinschaft »). Il s'agit, par exemple du refus de travailler, d’alcoolisme de parents, de prostitution, de rébellion et de fuite devant les contraintes astreignantes de l'assistance publique… Les filles qui ne répondent pas à l'idéal féminin sont envoyées dans le camp en tant que « délinquantes sexuelles ». Pendant la guerre, les contrôles de la police et de l'assistance publique sur la jeunesse inadaptée sont renforcés. Ainsi, le fait d'aller au dancing, de consommer de l'alcool, d'enfreindre l'autorisation de sorties nocturnes, l'appartenance à la « jeunesse swingante» (« Swingjugend »), l'amitié avec des personnes juives, ou le refus d'entrer dans « la ligue des jeunes filles allemandes » (Bund deutscher Mädchen) constituent des cas d’internement. Déportées sont aussi les filles dont les parents luttent dans la résistance, ou qui sont elles-mêmes dans l'opposition ou actives au sein de la résistance.
Les Docteurs Robert Ritter et Eva Justin sévissent à Uckermark et se plaisent à « examiner » les déportées, n’hésitant pas à en stériliser de force, à en envoyer dans les camps d’Auschwitz, Dachau, Ravensbrück et Buchenwald pour y être mises à mort, où à les interner dans des centres pour malades mentaux où elle seront gazées.
"Lorsque je pris en charge le camp d’Uckermark, il s’y trouvait environ quatre mille détenues de toutes nationalités. Environ six semaines après, je fus déplacée et quittai Uckermark. A ce moment, il restait à peu près mille détenues. Ce sont donc trois mille femmes qui ont été sélectionnées pour le gazage pendant mes fonctions à Uckermark... Chaque jour, je faisais ainsi une liste de cinquante à soixante femmes, qui devaient prétendument être transférées au camp de Mitwerda. Ce camp n’a jamais existé. C’était une invention de Schwartzhuber pour cacher aux détenues qu’elles allaient être gazées... »
Ruth Closius Neudeck, Surveillante du Camp d’Uckermark. Procès de Ravensbrück à Hambourg 1946-47.
Entre 1939 et 1945, 132 000 femmes et enfants, 20 000 hommes et 1000 adolescentes du "camp de protection pour jeunes" d'Uckermark y furent enregistrés comme détenus. Entre 1 000 et 1 200 filles et jeunes femmes y seront encore détenues jusqu'en avril 1945, au moment de la libération par l'armée rouge.