collège Philippe de Vigneulles (Metz)

Enfants de Ravensbrück, enfants perdus des camps.....



Les témoignages les plus anciens remontent à 1942. Des prisonnières affirment avoir vu des petites tsiganes de neuf et dix ans. Elles étaient attachées à l'atelier de couture, dirigée par la surveillance SS Massar. On leur apprenaient à coudre, et les prisonnières en profitaient pour leurs enseigner en même temps l'écriture et la lecture. Une petite allemande, plus jeune, a aussi été remarqué.
Un peu plus tard, la présence de sept petits Russes de dix à treize ans fut mentionnée au Block 1. C' est en 1942 et 1943, que des enfants tsiganes, juifs et demi-juifs, commencèrent réellement à vivre au camp souvent de nationalité polonaise. Ils n'étaient que rarement accompagnés de leur famille et finissaient toujours par disparaître.

Les enfants avaient au camp le même régime que les adultes. Aucun adoucissement ne leur était accordé.
A leur arrivée, ils étaient généralement dépouillés, rasés et fouillés comme les adultes, et recevaient, selon les époques, un uniforme rayé bien trop grand pour eux.. Les enfants étaient présents aux appels. Le matin, ils se levaient aux hurlements de la sirène, à 3 h 30 ou 4 heures selon les périodes. Ils recevaient une tasse du breuvage appelé café et sortaient, dans le froid, qui atteignait moins 33°c, sous la neige, la pluie et le vent glacial de la Baltique. Il fallait rester immobile, debout pendant une heure, deux, et parfois davantage. Les vêtements restaient mouillés pendant plusieurs jours. A la fin de l’appel, ils retournaient à leur Block, les plus grands poussant les plus petits. Enfin, la majeure partie du temps de beaucoup d’entre eux se passait sur la paillasse. Ils étaient trop affaiblis pour se livrer à la moindre activité. Seule la solidarité qui régnait entre les prisonnières permit d’entourer un peu ces enfants.
Les archives du camp ayant été détruites, il est impossible de préciser le nombre des enfants, estimé par les survivantes entre 1000 et 2000.


Un degré supplémentaire dans l’horreur a été accompli par les nazis avec les expériences de stérilisation de petites filles tziganes. Le but était de découvrir les méthodes les plus rapides et les plus efficaces pour stériliser des millions d’êtres humains appartenant aux races « inférieures ». 120 ou 140 petites Tziganes furent opérées du 4 au 7 janvier 1945. Les plus jeunes n’avaient que huit ans. C’est ainsi qu’au Block 9 fut hospitalisée une petite fille de douze ans, avec une énorme plaie ouverte au ventre, qui ne cessa de suppurer terriblement. Les médecins et infirmières prisonnières du Revier estimaient que cette plaie correspondait à une hystérectomie. Mais pourquoi la plaie n’avait-elle pas été recousue ? La petite fille mit plusieurs jours à mourir dans d’atroces souffrances. A la libération du camp, toutes ces malheureuses fillettes avaient disparu, vraisemblablement gazées. Ci dessus, la photo d'une jeune fille tsigane internée au camps de Moisdon la rivière avant sa déportation.


La mortalité des enfants étaient très importante. A l'approche de l'armée russe, les allemands commencèrent à évacuer les camps. Le nombre d'enfants augmenta encore, on en compta environ 500. Ils étaient seuls et devaient souvent se débrouiller sans une quelconque aide. La seule exception connue fut un groupe d'enfants russes venant d' Auschwitz encadré par une femme qu' ils nommaient « mère », de plus les femmes soldats russes économisaient sur leur ration pour qu'ils puissent manger un peu plus .

Si notre article sest consacré aux enfants de Ravensbrück, la plupart des photos ont été prise à Auschwitz-Birkenau .


Marcel Ruby « Le livre de la Déportation » ; Germaine Tillion « Ravensbrück ».
photos prises à Auschwitz-Birkenau.